DXIX, 2022, musique visuelle.

Anne Blanchet

J’ai depuis toujours cherché à rendre la lumière visible (avec de l’eau, du verre ou par des déplacements de matière créant des ombres grises et blanches, etc). Dès 1993, c’est le mouvement de la lumière à l’intérieur de la matière que j’ai voulu montrer.

En incisant des blocs de plexiglas translucides selon une technique affinée en 1993-4, et en laissant la lumière jouer à l’intérieur de la matière, j’ai créé mes premiers « Light Drawings ». Les dessins de ces pièces ne cessent de se transformer au cours de la journée avec l’évolution de la lumière ambiante: les zones claires et sombres s’inversent progressivement. Mais exposés en galerie, les light drawings sont souvent dans une situation où la lumière évolue si lentement que leur transformation n’est visible qu’au cours de plusieurs heures.

Par ailleurs, depuis 1997, j’ai réalisé des œuvres en mouvement : portes ou barrières de passage chorégraphiées, qui sont pour moi des sortes de « musiques visuelles ». L’évolution de ces objets dans l’espace avait quelque chose de musical en lui-même, il n’y avait pas besoin de son. (cf. www.anneblanchet.com)

Pour Contrechamps à Genève, j’ai proposé de créer une première musique visuelle pour un light drawing. Plusieurs luminaires ont été précisément installés dans l’Ermitage pour éclairer selon des angles différents un light drawing accroché au mur. Puis, compte tenu de l’œuvre et de sa relation à cet espace, j’ai programmé une composition de lumière spécifique pour cette installation. La lumière entre dans la matière translucide, s’y reflète et évolue tantôt rapide, tantôt lente, en fondus ou en contrastes pour créer cette nouvelle musique visuelle. Aucun son n’est surajouté.

L’installation est visible avant et après les concerts de Contrechamps aux 6 Toits, 43 avenue de Châtelaine, 1203 Genève, selon leur programme.

Genève, le 16 novembre 2022